Un test rapide à la ferme (AccuMast®) a été utilisé dans les fermes expérimentales des Trinottières et de Trévarez, suite à une publication nord américaine qui avait conduit à une réduction de 68 % d’usage des antibiotiques, sans impact négatif en ciblant les traitements antibiotiques seulement sur les Staphylocoques, Streptocoques ou Entérocoques. L’objectif était d’évaluer sa faisabilité, le potentiel d’économies d’antibiotiques et le retour sur investissement dans notre contexte du grand-ouest de la France.
Le temps de travail total comprenant le prélèvement aseptique à la traite, l’ensemencement après la traite puis la lecture de la boite le lendemain et le rangement est autour d’un quart d’heure. "Par contre ce n’est pas la routine donc il faut y penser" selon les techniciens. En comparaison à l’ essai nord-américain, le potentiel de mammites qui pourrait ne pas être traité aux antibiotiques est faible : 15 %. Les économies d’antibiotiques, la limitation du lait écarté ne suffisent pas à couvrir le coût de l’analyse.
Les techniciens ont considéré travailler dans de bonnes conditions de propreté mais ils ont jugé que cela perturbait la routine de travail dans deux tiers des cas. Dans la moitié des cas, le temps de prélèvement à la traite était de 3 minutes ou moins avec un impact sur la traite du lot de 5 minutes. La qualité des prélèvements à été excellente: un seul échantillon a donné plus de 2 espèces bactériennes et a donc été jugé contaminé. Le temps d’ensemencement est de 5 minutes, auquel il faut ajouter 3 minutes de rangement et d’enregistrement. Le lendemain, il leur a fallu 2 minutes de lecture plus d'enregistrement et de rangement.
Si on avait appliqué le traitement sélectif de la publication de Vasquez, 6 mammites cliniques sur les 42 testées auraient pu ne pas faire l’objet de traitement antibiotique parce qu’aucune bactérie n’a été mise en évidence ou parce que seul une bactérie gram – a été isolée. C’est lié à la fois à la forte présence de bactéries gram + qui relèvent de traitement antibiotiques (28 mammites) et à 8 prélèvements ininterprétables.
Les économies de traitements antibiotiques et les pertes de lait liés au délai d’attente sur 15% des vaches ne compense pas les coûts induits par les tests sur 100 % des mammites. Ce serait le cas, hors amortissement de l’étuve, si le potentiel de réduction était de l’ordre de 20 % avec utilisation de tous les tests avant péremption.
La conservation des kits est préférable au frais, mais un frigo trop froid a amené à écarter 8 boites de culture ininterprétables pour gélose altérée. Une température trop élevée suite à un déréglage de l’étuve 3 a aussi généré un souci d'interprétation. Enfin pour 4 boites qui n’avaient pas rencontré de difficultés il y a eu des incertitudes sur l’espèce bactérienne gram + en cause, qui serait sans impact sur la décision de traiter.
Cet essai a montré la faisabilité de ces analyses bactériologiques avec kit rapide à la ferme, grâce à la très bonne qualité des prélèvements notamment et à l’organisation logistique mise en place. Celle-ci aurait encore du être améliorée (thermomètre dans le frigo, message d’alerte sur l’étuve). Le temps et les conditions de travail ont été jugés acceptables, l’intégration dans la routine de travail moyenne.
La forte prévalence des bactéries gram + dans les mammites cliniques peu sévères amène à peu d’opportunité de traitement sélectif en lactation, dans nos 2 stations assez représentatives du contexte rencontré dans le grand-Ouest de la France. Le coût du test, pourtant modéré, n’est alors pas couvert par les économies réalisées
"La mise en place des tests rapides est assez simple si on est rigoureux dans la prise d’échantillon. Elle augmente légèrement le temps de traite. Par contre un point qui est assez difficile c’est la lecture des boîtes après incubation. L’interprétation n’est pas forcément très facile en comparaison aux photos disponibles dans le manuel d’emploi."
"La mise en place des tests rapides est assez simple mais l’interprétation n’est pas très facile"
Marylise Le Guenic
marylise.leguenic@bretagne.chambagri.fr
Chambres d'agriculture de Bretagne
Elodie Tranvoiz
elodie.tranvoiz@bretagne.chambagri.fr
Chambres d'agriculture de Bretagne
Michel Prézelin
michel.prezelin@maine-et-loire.chambagri.fr
Ferme des Trinottières
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