Comparer différents itinéraires de sursemis de prairies permanentes ou temporaires de longue durée en combinant trois facteurs à savoir : le niveau d’agressivité du travail du sol, la nature des espèces implantées (types de mélanges), le gyrobroyage ou non.
Plusieurs travaux ont évalué l’intérêt du sursemis des prairies, qui permet notamment d’introduire des légumineuses, source de productivité et d’économie d’engrais
azotés. Ces études montrent que la part de sol nu doit être suffisamment importante et que le couvert en place doit être assez ras, afin que les graines puissent germer,
puis se développer, en ayant accès à la lumière (Le Gall et al., 2004 ; Farruggia et al., 2006). Les sécheresses à répétition et l’apparition de matériels de sursemis donnent
des perspectives à cette technique, qui permet d’introduire de nouvelles espèces fourragères, sans détruire la prairie et donc maintenir les précieux stocks de carbone
des prairies permanentes.
Cinq matériels d’implantation, classés par ordre d’agressivité croissant ont été utilisés, à savoir : VREDO, GÜTTLER, AGRISEEDER, AÏTCHISON et COMBINÉ HERSE ROTATIVE-SEMOIR.
Deux types de mélanges ont été étudiés :
Le gyrobroyage ou non pour favoriser l’accès à la lumière des jeunes plantules. Sur la plateforme de sursemis étudiée, les mesures ont consisté à suivre les rendements et les proportions de chaque espèce dans les différentes modalités et ce, à chaque cycle de récolte sur l’année grâce à un tracteur tondeuse.
La parcelle support de l’essai renferme une dominante de graminées à base de fétuque élevée et diverses. Les zones de sol nu sont également présentes de manière importante dans cette prairie. La parcelle est une prairie naturelle de type argilo-calcaire profond.
Les conditions météos étaient bonnes pour le sursemis. La pluviométrie du mois de juin a permis d’obtenir une bonne production pour la récolte du mois de juillet, avec notamment un bon développement des trèfles. Cependant, la sécheresse estivale de 2022 a vraiment impacté l’état de la parcelle.
comparés à leur témoin en fonction du matériel utilisé
Le gyrobroyage n’a eu aucun effet notable sur les semoirs AITCHISON et AGRISEEDER. En revanche, les performances des semoirs VREDO et GUTTLER se dégradent en l’absence de gyrobroyage.
Le COMBINÉ-HERSE ressort comme le matériel le plus performant, avec un gain de rendement significatif :
La bande témoin confirme que le gyrobroyage seul n’apporte aucun bénéfice en termes de rendement. Son effet devient notable uniquement en présence d’une végétation dense (notamment avec le COMBINÉ-HERSE et le GUTTLER).
En résumé, le gyrobroyage joue un rôle indirect mais essentiel : il améliore la luminosité au sol, ce qui favorise l’implantation des espèces semées.
Le Dactyle s’avère plus sensible aux conditions de semis (précision,
agressivité) et reste peu présent dans les relevés.
Pour cette campagne, aucun gain significatif de rendement n’a été observé dans les zones sursemées. Plusieurs hypothèses peuvent être envisagées :
Globalement, quel que soit le matériel utilisé, le sursemis permet d’obtenir un gain de rendement. Le gyrobroyage, en améliorant la luminosité disponible pour les espèces semées, favorise un rendement encore plus important, quel que soit le matériel testé (avec une augmentation allant de 18 à 52 %). Toutefois, ces effets bénéfiques
semblent s’estomper avec le temps. Des essais complémentaires apparaissent donc nécessaires afin d’améliorer la durabilité de ces dispositifs, d’autant plus qu’ils peuvent représenter un investissement conséquent.
Que ce soit en zone gyrobroyée ou non gyrobroyée, le « combiné-herse » réalise les meilleurs résultats. Nous avons été très surpris de la capacité de stimulation de la prairie après un passage plutôt agressif du matériel. Cette modalité montre un potentiel prometteur pour le sursemis, d’autant plus que ce type de matériel est déjà présent dans la plupart des exploitations. La difficulté de l’application reste dans le « dosage » de l’agressivité du matériel et le maintien de la végétation en place.
Contrairement aux autres sites, la modalité « combinéherse » a très bien fonctionné sur la plateforme de Jalogny
Jérémy Douhay
Institut de l’élevage
➧ POUR EN SAVOIR PLUS
Adrien Demarbaix
adrien.demarbaix@sl.chambagri.fr
Denis Chapuis
Chambre d'agriculture de Saône et Loire