La monotraite pour gagner en souplesse d’organisation
notre étude

La monotraite pour gagner en souplesse d’organisation

Essai de la monotraite sur toute une lactation pour gagner en souplesse dans l'organisation du travail
Modifié le :
6
June
2022

Objectif de l'essai

  • Mesurer l’impact de la monotraite pratiquée dès le vêlage, sur toute la lactation sur les performances laitières, la santé et la reproduction
  • Évaluer les conséquences sur le bien-être animal et le temps de travail de l’éleveur
  • Calculer l’impact économique

Ce qu’il faut retenir

La monotraite diminue la production laitière, modifie la qualité du lait (taux, cellules), améliore l’état d’engraissement, et les performances de reproduction.
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Chiffres clés

  • - 24 %
  • de lait produit
  • + 2,7 points
  • de Taux Butyreux
  • + 2,5 points
  • de Taux Protéique

Résumé

De 2002 à 2005, 2 lots de 27 vaches Prim Holstein vêlant entre février et mai, ont été comparés à la station expérimentale de Trevarez : un lot trait 2 fois/jour (lot 2T) et 1 lot trait une seule fois par jour (lot 1T) pendant toute la lactation. Le lot 1T a produit 24% de lait en moins, avec un lait plus riche en TB et en TP. Les animaux en monotraite ont moins maigri, et ont eu de meilleurs résultats de reproduction. Le nombre de mammites en revanche a augmenté, avec des mammites peu graves, mais plus difficiles à soigner avec des récidives plus fréquentes, et des comptages cellulaires qui restent durablement plus élevés. Les observations réalisées durant l’essai ont indiquées que le bien être animal était préservé avec une adaptation très rapide des animaux. La monotraite a permis de réduire le temps d’astreinte de 17%.

Méthodologie

2 lots de 27 vaches suivis pendant 3 ans sur toute leur lactation

Pendant 3 ans, 2 lots de 27 vaches vêlant de février à mai ont été traits 1 ou 2 fois par jour dès le vêlage et sur toute la lactation. L’introduction annuelle de 40% de primipares remplaçait les réformes. Les vaches étaient logées séparément mais côte à côte dans la même stabulation, alimentées, pendant l’hiver, avec de l’ensilage de maïs. Elles pâturaient pendant 10 mois (dont 6 mois de pâturage seul avec 50 ares pâturés / vaches) et recevaient 330 à 390 kg de concentrés/vache/an. Le tarissement avait lieu si la production était inférieure à 5 kg/VL/j. Un protocole spécifique d’évaluation du bien-être animal a été mis enplace sur 2 années consécutives. Le travail d’astreinte a été enregistré à 4 périodes clefs de l’année.

Résultat

Un impact économique à évaluer au cas par cas

Moins de lait, plus de taux, et un peu moins d’ingestion

Le lot 1T, conduit un peu plus sévèrement en fin de lactation, a consommé un peu moins de fourrages stockés (-0,2 TMS/VL/an) et de concentré (-60 kg/VL/an). En moyenne, les vaches du lot 1T ont produit significativement moins de lait (-5.5 à -6 kg /VL/j), plus deTB (+2.4 à +3.5 g/kg) et plus de TP (+2.3 à +2.9 g/kg). Néanmoins le tiers supérieur des multipares a produit plus de 6000 kg de lait/an.

Un meilleur état corporel et une meilleure reproduction

La perte d’état a été légèrement inférieure pour le lot 1T et l’état en fin de lactation est supérieur avec la monotraite (NEC de 2.9 vs 2.6). Les réformes ont été plus lourdes, légèrement mieux conformées avec une durée de finition plus courte de 10 j. Les vaches du lot 1T fécondent plus rapidement : 81% sont fécondées sur 2 mois avec un intervalle vêlage–Insémination fécondante significativement plus court de 9 jours.

Figure 1. Principaux résultats zootechniques
Figure 2. Courbe de lactation des multipares

Bien-être animal préservé mais attention aux mammites

Les vaches multipares du lot 1T ont eu significativement davantage de mammites (cause principale de réforme), mais moins de problèmes de pattes. Les mammites sont peu graves, mais plus difficiles à soigner avec des récidives plus fréquentes, et des comptages cellulaires qui restent durablement plus élevés.

En tout début de lactation, la monotraite peut entraîner un léger inconfort dans les heures précédant la traite du matin. Il s’atténue rapidement au cours de la lactation, les vaches s’adaptant rapidement à la fréquence de traite (réduction des pertes de lait, modification du rythme d’activités).

Bien-être de l’éleveur et conséquences économiques

La monotraite s’accompagne d’une réduction du temps de l’astreinte annuel de 17% (dans le cas d’une augmentation de 27% de l’effectif pour compenser en partie la baisse de lait).

Dans les conditions bretonnes moyennes, pour un  prix du lait à 330 €/1000 l, à l’échelle d’une exploitation, pour produire 420 000 l de lait,l e troupeau doit augmenter de 23 vaches et 6 génisses soit une augmentation de SFP de 17 ha. La marge brute d’exploitation reste identique dans le cas d’un système économe pâturant, et sans investissement supplémentaire pour les effectifs en plus.

Sans augmentation d’effectifs, la baisse de marge brute d’exploitation est de 38 000 euros.

Conclusion

Les vaches s’adaptent à la monotraite, à l’éleveur de faire son calcul

La monotraite est possible sur toute la lactation, même avec des vaches de haut potentiel génétique telles que les Prim’Holstein sans conséquences néfastes sur le bien-être animal. Elle nécessite un système d’alimentation économe et une situation maîtrisée en termes de mammites. Elle permet une réduction du temps de travail significatif, même en cas d’augmentation d’effectif pour compenser la baisse de production. Le calcul de l’intérêt économique doit prendre en compte la modification des effectifs et/ou des quantités livrées, l’impact des taux et de la situation cellulaire sur le prix du lait, les conséquences sur la SFP nécessaire et les éventuels investissements liés à l’augmentation d’effectifs et/ou la rémunération de la main d’œuvre.

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En pratique

Durant ces trois années d’essai, les vaches se sont très facilement adaptées à la monotraite. Il n’y avait pas plus d’agitation dans le lot en monotraite par rapport à l’autre lot. C’est une bonne solution pour réduire le temps d’astreinte. A trévarez, on a pratiqué la monotraite avec des vaches en vêlages groupés en fin d’hiver. Par contre, un point de vigilance est l’alimentation des vaches en lactation surtout sur les régimes hivernaux. Il faut être sur des régimes économes car sinon l’état d’engraissement augmente rapidement surtout en fin de lactation sur des régimes hivernaux.

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«La monotraite, une bonne solution pour réduire le temps d’astreinte »

Denis Solliec

Denis Solliec

Technicien d’expérimentation à Trévarez