Finir ses vaches de réforme à base d'enrubannage d'herbe ou de luzerne pour réduire les coûts alimentaires
notre étude

Finir ses vaches de réforme à base d'enrubannage d'herbe ou de luzerne pour réduire les coûts alimentaires

Un essai a été conduit sur 3 années entre 2016 et 2018 à la ferme expérimentale de Jalogny pour expérimenter l’utilisation de régimes riches en fourrages à forte digestibilité et riches en protéines pour l’engraissement de vaches de réforme charolaises. Trois modalités alimentaires ont été comparées, à savoir : une ration à base de foin à volonté complémentée avec de l’orge aplatie et du tourteau de colza (lot Témoin), une ration à base d’enrubannage d’herbe issue de prairie naturelle distribuée à volonté et d’orge aplatie (lot Herbe) et une ration à base de luzerne enrubannée à volonté et d’orge aplatie (lot Luzerne). Les consommations de fourrages observées dans les lots Herbe et Luzerne ont été supérieures à l’attendu ce qui a conduit à des apports en UFV supérieurs.
Modifié le :
8
August
2025

Ces apports supérieurs ne se sont pas traduits par des différences sur les performances zootechniques entre les lots, sauf pour le lot Luzerne qui a eu une croissance moyenne sur les 3 années tendanciellement supérieure au lot Témoin. Les carcasses des deux lots « enrubannage » sont ressorties comme plus persillées que le lot Témoin même si ces niveaux de persillé restent faibles (ente 1,1 et 2,0). Sur le plan économique, la marge sur coût alimentaire par vache la plus intéressante concerne le lot Herbe (entre 45 et 123 € par vache en fonction des années). Le lot Luzerne a une marge sur coût alimentaire supérieure au lot Témoin (entre 22 et 91 € suivant
les années). Du fait d’une plus grande consommation de concentrés dont du tourteau de colza, le lot Témoin est plus dépendant du cours des matières premières azotées.

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Chiffres clés

Récolter ses fourrages précocement pour réduire les concentrés

Afin de réduire les coûts alimentaires d’engraissement des vaches de réforme et gagner en autonomie alimentaire et protéique, des régimes riches en fourrages à forte digestibilité et riches en protéines ont été testés. Pour atteindre ces objectifs, le choix s’est porté sur la récolte de fourrages jeunes et plus ou moins riches en légumineuses. La complémentation énergétique utilisée est basée sur des céréales pouvant être produites sur l’exploitation.

Ainsi, deux régimes d’engraissement ont été proposés : un basé sur de l’enrubannage d’herbe issue de prairie naturelle récoltée précocement à volonté et d’orge aplatie et un reposant sur de l’enrubannage de luzerne à volonté avec une complémentation sous forme d’orge aplatie. Pour atteindre un objectif de croissance de 1200 g/j, les apports énergétiques journaliers de la ration doivent atteindre 12,5 UFV.

Méthodologie

Des vaches de réforme charolaises, supports des essais

Afin de réduire les coûts alimentaires d’engraissement des vaches de réforme et gagner en autonomie alimentaire et protéique, des régimes riches en fourrages à forte digestibilité et riches en protéines ont été testés. Pour atteindre ces objectifs, le choix s’est porté sur la récolte de fourrages jeunes et plus ou moins riches en légumineuses. La complémentation énergétique utilisée est basée sur des céréales pouvant être produites sur l’exploitation.

Ainsi, deux régimes d’engraissement ont été proposés : un basé sur de l’enrubannage d’herbe issue de prairie naturelle récoltée précocement à volonté et d’orge aplatie et un reposant sur de l’enrubannage de luzerne à volonté avec une complémentation sous forme d’orge aplatie. Pour atteindre un objectif de croissance de 1200 g/j, les apports énergétiques journaliers de la ration doivent atteindre 12,5 UFV.

Tableau 1 : Consommation moyenne par vache et par jour et apports journaliers sur la période d’engraissement
Tableau 2 : Apport de concentré en kg brut par vache et par jour en période de croisière

Caractériser la valeur alimentaire de ces fourrages et la qualité des carcasses produites

Les quantités de concentrés et de fourrages sont mesurées à chaque distribution. En cas de refus, ils sont retirés et pesés. Les valeurs alimentaires des aliments distribués sont obtenues grâce à des analyses chimiques réalisées en début, milieu et fin d’engraissement.

Les vaches reçoivent une double pesée et une mesure de NEC pour la mise en lots et en début d’essai puis toutes les 4 semaines jusqu’au départ des premiers animaux à l’abattoir (NEC de 3). Dès les premiers abattages, une double pesée et une NEC sont réalisées toutes les deux semaines pour arbitrer la décision d’abattage.
A l’abattoir, le poids de carcasse, la conformation et la note d’état d’engraissement sont relevés. Sur la chaîne d’abattage, les gras (rognons, bassin et parage) sont pesés et des mesures de persillé, marbré, couleur de viande et de gras sont effectuées à la coupe (5-6ème côte) dans les frigos. Des analyses portant sur l’humidité, la teneur en fer héminique et en lipides de la viande à partir de prélèvements de viandes ont été réalisées au laboratoire d’analyses de l’Idele à Villers-Bocage.

Résultats

Des ingestions de fourrage supérieures à la théorie dès lors que la qualité est au rendez-vous

Les ingestions observées ont été supérieures à l’attendu dans les lots « enrubannage », ce qui a conduit à des apports en UFV supérieurs à l’attendu et au lot témoin, les apports alimentaires étant très liés à la qualité des fourrages récoltés. Les animaux dans les lots Herbe et Luzerne consomment plus de fourrages que le lot témoin (+ 2 à + 3,5 kg MS/tête/jour en fonction des années) et ne consomment pas de tourteau de colza (entre 1 à 1,3 kg brut/tête/jour économisé). Les vaches du lot Herbe ont consommé moins d’orge (entre 1,4 à 2,2 kg bruts/tête/jour économisés). Pour le lot Luzerne, la consommation a été moindre en 2017 et 2018 (0,6 et 1,4 kg brut/tête/jour) et supérieure en 2016 (+ 0,5 kg brut/tête/jour). Ces différences sont liées à la prévision de valeurs alimentaires des fourrages en fonction des années.

Tableau 3 : Consommation moyenne par vache et par jour et apports journaliers sur la période d’engraissement

Peut d'écarts zootechniques et de qualité des carcasses et des viandes observés entre les lots

Peu de différences zootechniques ont été observées entre les lots. Les durées d’engraissement et les gains de poids vif sont équivalents (pas d’effet lot). Concernant le GMQ, le lot Luzerne a eu une croissance tendanciellement plus élevée que le lot Témoin, pas de différence significative n’a été observée entre les autres lots. De même, le poids de carcasse du lot Luzerne est tendanciellement supérieur à celui du lot Témoin.
Les carcasses produites sont conformes à la demande du marché avec des conformations allant de R= à U-, un état d’engraissement de 3 et des rendements carcasse autour de 54 % sans différences significatives entre les lots. Les lots « enrubannage » sont ressortis significativement plus persillés que le lot Témoin. Aucune différence significative n’est ressortie sur le marbré ou la teneur en lipides de la viande.

Tableau 4 : Caractéristiques des carcasses et des viandes

Des résultats économiques en faveur des lots enrubannage

Sur le plan économique, les fourrages et l’orge ont été considérés disponibles sur l’exploitation. Le coût des fourrages a été calculé à partir des fiches PEREL de janvier 2015 établies par les Chambres d’Agriculture des Pays-de-la-Loire et des Deux-Sèvres en collaboration avec l’Institut de l’Elevage. Il s’agit d’un coût rendu auge hors main-d’oeuvre. Le coût de l’orge a été calculé au prix d’opportunité sur la conjoncture de l’année de l’essai et un coût d’aplatissage a été retenu. Le tourteau est comptabilisé au prix moyen d’achat observé à la ferme de Jalogny de l’année de l’essai. Les prix d’achat et de vente des vaches correspondent aux prix moyens constatés pour chaque année d’essai.

Le coût alimentaire par vache est inférieur dans les deux lots « enrubannage » comparés au lot témoin, ce qui conduit à des niveaux de marge par vache supérieurs. Le lot Témoin est d’autant plus pénalisé que les cours des concentrés sont élevés, comme ceux constatés en conjoncture 2018 (tableau 5).

Tableau 5 : Résultats économiques en fonction du mode de finition et
de l’année (en €)
Résultats économiques en fonction du mode de finition en
conjoncture 2022 (en €)

Simulation économique en conjoncture 2022
Dans la conjoncture économique de 2022 avec une augmentation du coût des fourrages et des matières premières mais aussi d’une hausse significative du prix d’achat et de vente des animaux (tableau 7), les marges sur coût alimentaire/vache progressent pour l’ensemble des lots testés sur les trois années d’essais
(tableau 6).

Tableau 7 : Hypothèses de prix des aliments et conjoncture de la viande

Conclusion

Engraisser ses vaches à partir d’herbe récoltée précocement, une stratégie gagnante sur les plans technique et économique

L’engraissement à partir d’enrubannage d’herbe ou de luzerne permet d’atteindre l’objectif d’autonomie protéique. Le rationnement avec de l’orge aplatie est sécurisé par rapport au risque d’acidose. Les coûts alimentaires des conduites avec enrubannage sont également inférieurs à une ration de type foin et concentrés et moins dépendants de la variation du cours des matières premières. Les carcasses produites sont conformes à la demande du marché et légèrement plus persillées qu’avec
un engraissement à base de foin.

Néanmoins, l’introduction d’enrubannage pour engraisser ses vaches de réforme doit se réfléchir à l’échelle du système global d’exploitation en fonction de l’utilisation d’enrubannage pour d’autres catégories animales, et pour les rations à base de luzerne, de la présence de surfaces labourables adaptées et des rotations présentes sur l’exploitation.

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