Ensilage de maïs ou de maïs épi pour produire du lait bio en hiver ?
notre étude

Ensilage de maïs ou de maïs épi pour produire du lait bio en hiver ?

1 kg de lait en plus par vache et par jour avec l’ensilage de maïs épi pour une ration à base d’ensilage d’herbe à volonté et 5 kg MS de maïs
Modifié le :
1
January
2024
  • Mesurer l’impact sur les performances laitières du remplacement de 5 kg MS d’ensilage de maïs par 5 kg MS d’ensilage de maïs épi, sur une ration hivernale à base d’ensilage d’herbe à volonté.
  • Mesurer les différences d’ingestion entre les deux formes de maïs.
  • Étudier l’intérêt économique de ce choix, évaluer l’impact sur le bilan fourrager de l’exploitation.

Ce qu'il faut retenir

Une augmentation de la production laitière (+1 kg/VL/j) avec 5 kg MS d’ensilage de maïs épi par rapport à la même quantité d’ensilage de maïs. Un effet variable selon les années sur le TB, pas d’effet sur le TP
Ensilage de maïs ou de maïs épi pour produire du lait bio en hiver ?Ensilage de maïs ou de maïs épi pour produire du lait bio en hiver ?Ensilage de maïs ou de maïs épi pour produire du lait bio en hiver ?

Chiffres clés

  • En remplaçant 5 kg d'Ensilage de Maïs par la même quantité d'Ensilage de Maïs Épi
  • + 1,0 kg de lait / VL / jour
  • Un effet variable sur le TB
  • Jusqu’à +1,3 kg MS d’ingestion / VL / jour
  • Un effet positif sur la marge sur coût alimentaire

Résumé

Dans les rations hivernales, la qualité des fourrages est primordiale. Les récoltes d’herbe fournissent la base fourragère et protéique principales en agriculture biologique. Toutefois, une ration à base d’ensilage d’herbe (EH), même précoce, reste limitée en apport d’UFL : il est donc intéressant de tester l’effet d’un apport complémentaire d’un aliment correctement pourvu en énergie. Le maïs peut être récolté sous deux formes, ensilage plante entière(EM) ou ensilage des épis (EME),ces deux options impactent à la fois la valeur de l’aliment récolté (en énergie et en azote), les quantités de ration ingérées, mais aussi les surfaces à mettre en œuvre pour stocker les mêmes quantités totales : en effet, la récolte en EME laisse une partie du fourrage au champ et se traduit par un rendement de 55 à 65% de celui de l’ensilage- plante entière classique.

Méthodologie

Comparaison 5 kg MS d’EM par rapport à 5 kg MS d’EME ajoutés à une ration de base d’ensilage d’herbe précoce pour les vaches du troupeau bio

Pendant deux hivers (2020/21 et 2021/22) et durant 8 semaines, les vaches croisées (Holstein/Jersiaise/Normande) ont été réparties en deux lots de même potentiel laitier : chaque lot recevait à l’auge une ration de base contenant le même ensilage d’herbe coupe fine à volonté et 2,7 kg bruts de mélange céréalier au robot de traite. En complément, à l’auge, le lot Témoin (lot EM) recevait 5 kg MS d’ensilage de maïs, alors que le lot Expérimental (lot EME) recevait 5 kg MS d’ensilage de maïs épi.

Les données de production mesurées ont permis de calculer le coût alimentaire et la marge sur coût alimentaire de chaque ration. L’impact sur les surfaces fourragères a été également évalué.

Résultat

Tableau 1 : Impacts techniques du remplacement de 5 kg MS d’EM par5 kg MS d’EME (* = différence significative à p<0,05)

Plus d’ingestion et de production avec le maïs épi

La distribution de 5 kg MS de maïs épi à la place de 5 kg MS de maïs ensilage a entraîné une augmentation de l’ingestion de fourrages de 1,3 kg MS/VL/j (tableau 3). La production laitière a augmenté significativement de 1 kg /VL/j en moyenne sur 2 hivers (tableau 1). L’effet est similaire pour les primipares et les multipares.

Durant le premier hiver d’essai, le lot EME a produit plus de TB (+1,5 g/kg, p=6%) que le lot EM, différence qui ne s’est pas reproduite la deuxième année. Aucun effet sur le TP, la santé ou l’état d’engraissement des animaux en fin d’hiver n’a été constaté.

Tableau 2 : Calcul de l’intérêt économique (Prix du lait moyen en hiver : 557 €/1000 L. Coût EM : 100 €/ t MS; EME : 160 €/t MS;méteil 300 €/t, EH : 70 €/t MS . Références Trévarez et centres de gestion Bretagne)

Intérêt économique : du lait en plus, mais qui coûte plus cher

L’intérêt économique de remplacement de 5 kg MS d’EM par la même quantité d’EME a été calculé à partir des performances zootechniques et des rendements fourragers. L’augmentation de la production laitière entraine un produit lait plus élevé (+0,5 à +0,8 €/VL/jour, tableau 2). Néanmoins, le coût de production du maïs épi est plus élevé que celui du maïs ensilage, car son rendement est plus faible (55 -60 % du rendement d’un maïs ensilage plante entière). La ration EME entraîne également une ingestion plus élevée. Le coût alimentaire de la ration maïs épi est ainsi plus élevé (+0,4 €/VL/jour).

Au final, la marge sur coût alimentaire est favorable à la ration EME en proportions variables selon l’année : de + 800 à + 2.280 par hiver pour un troupeau de 75 vaches (tableau 2)

Tableau 3 : besoins fourragers par lot (Rendements retenus : EM 9,3 t MS/ha; EME 5,6 t MS/ha; EH : 7 t MS/ha ; pertes champ-auge de 10% pour le maïs et 15% pour l’herbe)

Plus de surfaces fourragères nécessaires avec le maïs épi

Compte-tenu du plus faible rendement du maïs épi et de l’augmentation d’ingestion avec ce fourrage, les besoins en surfaces fourragères sont accrus de 4,2 ha (dont 2,9 de maïs) pour nourrir 75 VL pendant 90 jours avec 5 kg MS d’EME/VL/j (tableau 3). Ce choix de mode de récolte est donc à réserver à un élevage disposant d’un bilan fourrager déjà équilibré ou de surfaces hors SFP qui peuvent être reconverties en surfaces de maïs épi.

Conclusion

Le maïs épi, une utilisation à raisonner

L’essai réalisé à la station de Trévarez a donc montré l’intérêt zootechnique d’une ration avec 5 kg MS de maïs épi pour concentrer l’énergie de la ration. Ce choix se révèle économiquement intéressant si l’EME est associé à des fourrages de qualité (ensilage d’herbe précoce).

Cependant le rendement du maïs épi est plus faible que celui du maïs ensilage et demande une surface fourragère additionnelle importante (+ 4,2 ha pour 75 VL).

Selon la surface disponible pour produire du maïs dans l’exploitation et les besoins en énergie du troupeau, l’introduction de maïs épi dans la ration des vaches laitières est donc à raisonner au cas par cas.

Ensilage de maïs épi

Télécharger l'étude au format PDF

Le maïs épi se conserve bien tout l’hiver à condition d’avoir été bien tassé

Pour Ludovic, l’introduction du maïs épi en complément de l’ensilage d’herbe dans la ration a permis une meilleure ingestion et une augmentation de la production laitière.

Télécharger l'étude au format PDF

« Pour que le maïs épi soit bien consommé, il faut être vigilant sur la conservation, avec un silo homogène, étanche et un front d’attaque net ». Les vaches trient à l’auge le maïs dans leur ration mélangée, que ce soit celle avec maïs ensilage ou maïs épi, mais finissent par consommer la totalité. « Le maïs épi se conserve bien tout l’hiver à condition d’avoir été bien tassé et d’avoir bien dimensionné le front d’attaque pour un avancement suffisant. Il est moins volumineux que le maïs ensilage, dans le cas d’espace de stockage limité. » « En agriculture biologique, pour que les vaches ne perdent pas trop d’état en fin d’hiver, il faut équilibrer au maximum la ration hivernale, avec des fourrages riches en azote et en énergie ou en pâturant quelques heures quand les conditions le permettent », ajoute Ludovic. Les analyses de fourrage avant l’hiver permettent d’évaluer la qualité de fourrage et de piloter la ration hivernale.

Ludovic Lagadec

Ludovic Lagadec

Technicien d'expérimentation

Contact techniques

POUR EN SAVOIR PLUS

Claire Caraes - Chambres d'agriculture de Bretagne

claire.caraes@bretagne.chambagri.fr

Valérie Brocard - Institut de l'Elevage

valerie.brocard@idele.fr

Avec le soutien :