Engraisser des jeunes bœufs avec de l’herbe - Comparaison de deux conduites pour valoriser des veaux mâles issus du cheptel laitier
notre étude

Engraisser des jeunes bœufs avec de l’herbe - Comparaison de deux conduites pour valoriser des veaux mâles issus du cheptel laitier

Produire des carcasses de 300-310 kg pour le marché de la restauration hors domicile
Modifié le :
12
December
2023
  • Produire des carcasses légères, jeunes, bien finies, toute l’année
  • Maximiser l’utilisation d’herbe dans les rations

Ce qu'il faut retenir

Produire des carcasses de 300 kg à 17,5 mois avec de l’herbe : c’est possible!
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Chiffres clés

  • 300 – 310
    kg carcasse
  • 17 – 18
    Mois à l’abattage
  • 55 à 60%
    D’herbe pâturée ou stockée dans la ration
  • 30% à 50%
    du temps passés au pâturage (160 j à 260 j)

Résumé

Afin de proposer de nouveaux débouchés pour les veaux mâles laitiers, deux conduites sont évaluées pour produire des jeunes bœufs de 17 mois et 300 kg de carcasses.

La première conduite concerne les veaux nés à l’automne. Ils sont finis à l’auge après une phase de croissance au pâturage. La seconde conduite concerne les veaux nés en hiver. Ils sont finis au pâturage, après une phase de croissance combinant pâturage et hivernage à l’auge (Figure 1).

Figure1. Représentation schématique des conduites d’engraissement

Les animaux finis à l'auge réalisent de meilleures croissances et sont abattus environ un mois plus tôt que ceux finis au pâturage mais les qualités des viandes sont très proches. Plus de la moitié du bilan alimentaire est constitué d’herbe pâturée ou conservée.

Méthodologie

2 conduites d’engraissement avec du pâturage

Pour une production de bœuf de 300-310 kg carc. à 17-18 mois à partir de veaux croisés lait x viande de 15-28 j et de 50-55 kg à leur arrivée dans l’atelier.

Quatre lots de 56 veaux mâles croisés lait x viande sont entrés à l’âge de 23 jours et sont élevés en nurserie pour être sevrer à 2,5 mois. Ils passent ensuite en post-nurserie avec une ration à base de fourrages complémentée avec des concentrés.

La période de naissance des veaux conditionne le mode de finition  (Figure1) :

  • Naissance d’automne : au pâturage d’avril à septembre puis finition auge
  • Naissance d’hiver : pâturage de juin à octobre avec 1 kg brut de blé par animal et par jour, une phase hivernale en bâtiment puis une finition au pâturage

Entre 2019 et 2022, 2 séries de 56 veaux se sont succédées pour chacune des conduites.

Résultat

Des performances zootechniques dépendantes de la conduite

Un engraissement plus long pour la finition au pâturage (+3,5 sem.)

L’allongement de la durée de présence en élevage est due aux moindres performances des animaux notamment lors de la phase de finition au pâturage. Une complémentation en blé est distribuée au pâturage, pendant un mois pour les veaux nés en automne, et tout au long de la première saison de pâturage pour les veaux nés en hiver. L’objectif de croissance au pâturage est de 900 g/j avec une complémentation en fourrages et en concentrés lors des sécheresses estivales.

Figure2. Bilans alimentaires et des carcasses et viande produites

La finition au pâturage moins gourmande en tourteau de colza

Les deux conduites consomment autant de concentrés, néanmoins les proportions en blé et tourteau de colza diffèrent selon le niveau de consommation d’herbe pâturée et stockée. En effet, pour la conduite finition auge qui a consommée 940 kg MS de maïs ensilage, le tourteau de colza et le blé représentent respectivement 40% et 50% des concentrés. Pour la conduite finition pâturage qui ne consomme que 710kg MS de maïs ensilage, la part de tourteau de colza est moins importante (tourteau de colza : 30%, blé : 60% )

Cette part de blé plus importante pour la conduite finition pâturage est aussi due à la complémentation assurée sur la première saison de pâturage pour assurer une croissance élevée. De plus, une complémentation en blé a été nécessaire pour les animaux abattus en dernier à la fin juillet. L’herbe pâturée seule n’a pas permis de finir l’ensemble des animaux du lot des 2 années de répétition (printemps/été 2021 et 2022).

Les consommations d’herbe pâturée sont estimées en fonction des ingestions de matières sèches observées sur des lots à l’auge

Figure3. Performances zootechniques et qualités des carcasses et des viandes

Des carcasses plus grasses pour la conduite finition auge mais pas plus persillées

Même si la classement à l’abattoir ne diffère pas entre les 2 conduites, les carcasses issues de la finition à l’auge sont légèrement  plus grasses en termes de gras d’abattage (% Gras cf. Figure 3). Les notes d’état corporel (NEC) réalisées avant l’abattage ainsi que les notations de Marbré (gras intermusculaire) réalisées sur la 6ème côte montrent la même tendance.

Pour autant aucune différence n’est relevée sur le persillé. Le persillé correspond au gras intramusculaire, il est recherché pour donner de la tendreté et de la jutosité à la viande.

Les deux conduites produisent le même type de carcasse et de viande

Malgré des conduites, des âges à l’abattage et des régimes d’engraissement différents, les qualités de carcasse (300 – 310 kg carcasse O+) et de viande sont relativement proches notamment su rla note de persillé.


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La part importante d’herbe permet une autonomie protéique élevée de 80%. Les rations d’hiver doivent être calculées en fonction de la qualité des fourrages récoltés et du poids des animaux suivis par des pesées régulières.

La finition au pâturage est une phase critique. En effet, avec des animaux à forts besoins, les conditions climatiques doivent être optimales pour permettre une bonne qualité d’herbe et ne pas complémenter ou affourager les animaux.

Lors de la finition à l’auge, les bœufs consomment 10 kg MS/jour. La ration est composée de 60% d’ensilage d’herbe et de 40% de maïs. Elle est complémentée en blé et en tourteaux de colza dans la limite de 2,5 kg brut pour tendre vers 0,9 UF/kg MS et 90 à 95 gde PDI/UF.

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« Produire des jeunes bœufs à partir de veaux croisés lait x viande en intégrant de l’herbe pâturée ou stockée dans la ration permet de limiter les importations de viande et de concentrés protéiques »

Marc-Antoine Brasseur

Marc-Antoine Brasseur

Chargé d’études CIRBEEF – IDELE

Contact techniques

Frédéric GUY - Responsable de la ferme expérimentale du CIRBEEF

frederic.guy@idele.fr

Marc-Antoine Brasseur - Chargé d'études - Service Productions de Viandes

Marc-Antoine.Brasseur@idele.fr

POUR EN SAVOIR PLUS

www.cap-proteines-elevage.fr

Article scientifique: Produire de la viande rouge à partir de veaux laitiers, une solution pour répondre aux attentes du consommateur sur le marché de la RHD, FOSSAERT C. et al., Journées 3R,Paris, 2022.

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