La culture de fourrages en dérobées, sur la période estivale, est surtout motivée par la volonté de réaliser des stocks en quantité suite à des récoltes de printemps insuffisantes. Ces fourrages peuvent également être des ressources en protéine. Intéressons-nous d’abord à leurs intérêts et limites dans les systèmes d’élevage.
La culture de fourrages en dérobées d’été, c’est-à-dire entre deux cultures principales d’automne (entre 2 céréales par exemple), présente plusieurs avantages indéniables. Cultiver des fourrages en dérobées l’été :
La culture de dérobées d’été présente des limites qui freinent leur utilisation :
Pour vérifier l’intérêt d’introduire des dérobées d’été dans un système d’élevage, un mélange a été implanté 4 années de suite à Ferm’inov. L’objectif était de vérifier s’il permettait d’améliorer l’autonomie en protéines sur des génisses charolaises d’élevage, en comparaison à un régime à base d’enrubannage de prairies permanentes, récolté en première coupe au mois de mai.
Composition et rendement du mélange testé à Ferm'Inov pendant 4 ans
Composition du mélange dérobées semé :
Graminées : sorgho, moha, millet. Le stade de récolte est plus important que l’espèce !
Légumineuses : pour améliorer l’autonomie protéique, les trèfles incarnat et d’alexandrie sont des valeurs sûres !
Mélanges :
Associer des espèces de taille similaire pour éviter les phénomènes d’étouffement
Observé à Ferm’inov : En 2023, un mélange moha-trèfle, implanté en dérobées, a réalisé un rendement de 2,9 t MS pour une valeur protéique supérieure à 16 % ! Ce fourrage a été destiné à l’engraissement de vaches de réforme.
Valeurs alimentaires du mélange dérobées d’été récolté à Ferm’Inov
Si le mélange implanté était diversifié, avec du sorgho fourrager, du pois fourrager et de la vesce, le sorgho représentait 80 à 90 % du rendement
Stade de récolte
Même si c’est une culture secondaire, l’obtention d’un fourrage riche nécessite une récolte au stade optimum : début épiaison pour les graminées, bourgeonnement pour les légumineuses
Valorisation :
Les rendements et surtout les valeurs alimentaires étant variables, à utiliser plutôt sur vaches ou génisses de 2 ans, animaux ayant plus de capacité à valoriser ces fourrages lorsqu’ils sont moyens. Une analyse de fourrage permettra de vérifier ces valeurs pour un coût raisonnable : comptez 25 à 30 € HT.
A noter : la distribution en libre-service et la récolte à un stade avancé du sorgho entraîne un tri important des animaux, et des refus de l’ordre de 20 à 30 %.
En résumé, pour améliorer l’autonomie protéique des rations hivernales par les dérobées d’été, il faut :
Voici un peu plus en détails les résultats des essais cités ci-dessus : Comparaison d’un régime enrubannage de prairies permanentes (témoin) à un régime enrubannage de mélange dérobées, pour des génisses charolaises de 9 à 12 mois, pendant la phase hivernale. L’objectif de croissance visé était de 700 g/jour.
Des résultats de croissance atteints 1 année sur 2 !
Lot témoin : objectif atteint 4 années sur 4
Lot mélange dérobées : objectif atteint 2 années sur 4. Ce sont les 2 années où le mélange dérobées présente la densité énergétique la plus élevée et où les animaux en ont le plus consommé
Quantités journalières distribuées
Seul le contexte 2021 permet de répondre aux objectifs de
croissance et d’amélioration de l’autonomie en protéines
Les résultats précédents montrent que le contexte 2021 est le plus favorable au régime Mélange Dérobées : celui-ci présente de
bonnes valeurs alimentaires, les quantités de tourteau de colza distribuées sont moins importantes et les génisses ont réalisé
l’objectif de croissance. Même dans ce contexte, l’intérêt économique n’est pas au rendez-vous.
Un coût de croit des génisses nettement plus bas avec l'enrubannage de prairies permanentes (hors minéraux)
Pour les fourrages : les coûts sont issus du travail des Réseaux d’élevage Inosys : “2023_Cout de production des fourrages et des céréales conjoncture 2021 / 112 € TMS pour l’enrubannage mélange dérobées et 94€ TMS pour celui de prairies permanentes
Pour l’orge et le tourteau : les coûts retenus sont les prix facturés par le fournisseur (306 € pour l’orge, 356 € pour le tourteau)
Un coût alimentaire défavorable pour le régime mélange dérobées
Fabien Deschizeaux
fabien.deshizeaux@sl.chambagri.fr
Chambre d'agriculture Saône et Loire
Jérémy Douhay
Institut de l’élevage
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