Autonomie protéique : Impacts de deux stratégies de pâturage en période hivernale
notre étude

Autonomie protéique : Impacts de deux stratégies de pâturage en période hivernale

Quel mode de pâturage adopter en période hivernale dans l’objectif de maximiser la consommation journalière de lots de bœufs en croissance ?
Modifié le :
7
July
2025
  • Référencer les données de croissance, de valeur nutritive et de productivité de l’herbe en période hivernale
  • Evaluer les performances de croissance des bœufs en période hivernale selon 2 conduites de pâturage distinctes

Ce qu'il faut retenir

En période hivernale, l’allongement de la période de pâturage en conditions favorables est possible et permet de réaliser des économies de fourrages et paillage. Le pâturage libre à cette période est plus facile à gérer et permet de valoriser une quantité d’herbe équivalente au pâturage tournant.
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Chiffres clés

  • + 50 à 78 j
  • de pâturage en période hivernale
  • -10 TMS d’affouragement / hiver
  • - 3 T de paille / hiver
  • de 600 à 1000 g GMQ
  • en moyenne
  • de 14,5 à 18,9% MAT
  • de moyenne
  • UFL 2018 compris entre
  • 0,93 et 1,03 de moyenne

Résumé

Développer l’autonomie protéique des ruminants est aujourd’hui un enjeu national, notamment pour accroître notre souveraineté protéique. Cette expérimentation située à la ferme expérimentale de La Blanche Maison (50) est centrée sur un système laitier en agroécologie, où la valorisation de l’herbe est au cœur du dispositif, notamment au pâturage. Les objectifs sont d’évaluer les performances de croissance des bœufs en période hivernale en pâturage tournant et en pâturage libre. Les croissances des bœufs en période hivernale ont été intéressantes pour les 2 types de conduites de pâturage, notamment grâce à une herbe présente de bonne qualité en cette saison.

Méthodologie

Deux conduites de pâturage hivernal

Deux lots de bœufs de race Normande seront conduits en comparaison : un lot en pâturage tournant (petites parcelles) et un lot en pâturage «libre»(grande parcelle).

Le pâturage tournant repose sur la mise en place d’un pâturage cellulaire permettant une rotation sur la période hivernale. Pour lep âturage libre, les animaux ont accès à une grande parcelle sur l’ensemble de la période hivernale : fin novembre à mi-février.

Le dispositif sera reconduit deux années consécutives notamment pour tenir compte de la variabilité climatique et fourragère possible. La croissance permise par le pâturage hivernal sera quantifiée sur les deux lots en comparaison au travers de pesées en entrée et sortie de pâturage hivernal. Pour le volet végétal, un suivi de la végétation est mis en place  pour référencer les densités, la croissance et la valeur nutritive des couverts en période estivale. Des mesures seront réalisées pour les deux lots à chaque entrée et sortie de paddock et à intervalles réguliers pour le pâturage libre. L’impact des 2 modes de gestion du couvert sera approché (piétinement et reprise de la végétation au printemps).

Résultats

Des résultats favorables pour le pâturage hivernal de bovins en croissance

De bonnes valeurs alimentaires en hiver

Les conditions météorologiques des 2 périodes hivernales concernées ont été plutôt favorables avec 30% de précipitations en moins en moyenne pour l’hiver 2021/2022. Les valeurs alimentaires des échantillons d’herbe prélevés sont bonnes avec des taux de MAT compris entre 14,5 et 18,9% (Figure 1). Les valeurs UFL 2018 sont également plutôt bonnes, entre 0,93 et 1,03 en moyenne.

Valeurs alimentaires des prairies en période hivernale

Une production d’herbe valorisée en hiver

Les chargements étaient de 1 UGB/ha en 2021 et 1,3 UGB ha en 2022 pour le pâturage libre et de 1 UGB /ha – 8 UGB ha instantané en 2021 et 1,3 UGB/ha – 10 UGB/ha instantané en 2022.
Le premier hiver, le pâturage hivernal de la période de l’essai s’est étalé sur 78 jours, permettant aux bœufs de valoriser 4,8 TMS (1,1 tMS/ha) d’herbe en pâturage libre, soit 8,8 kgMS/animal/jour; en pâturage tournant, 5,4 tMS ont été valorisées (1,25 tMS/ha) et 8,6 kgMS/animal/jour. Le second hiver, les résultats sont du même ordre de grandeur pour la quantité d’herbe valorisée en pâturage libre 4,8 TMS (1,13 TMS/ha; 9,5 kgMS/animal/jour) qu’en pâturage tournant 4,7 TMS (1,09 TMS/ha; 9,2 kgMS/animal/jour) [approche Herbvalo].

De bonnes croissances avec peu d’affouragement au champ

Le calcul des GMQ des périodes d’essai montrent globalement de bonnes performances de croissance des bœufs en période hivernale, avec en moyenne 660 g/j pour les bœufs de 24 mois le premier hiver et près de 980g/j la deuxième année. Le premier hiver, les bœufs plus jeunes âgés de 15 mois ont montré un GMQ plus faible dans le lot pâturage tournant (192g/j contre 833 g/j dans le lot pâturage libre). Un effet de concurrence sur une surface d’herbe accessible plus restreinte et au râtelier a pu limiter la croissance des plus jeunes.

GMQ des boeufs en période hivernale

Conclusion

Le pâturage hivernal, une opportunité à saisir

Le test du pâturage de bœufs en croissance en période hivernale s’est déroulé en conditions météorologiques plutôt favorables sur la ferme expérimentale de La Blanche Maison. Le test démontre l’intérêt de l’allongement de la période de pâturage en saison hivernale sur ce type d’animaux, en permettant de valoriser de l’herbe sur pied de novembre à février, sans effet délétère sur les prairies au printemps suivant. La valorisation de ces fourrages présentant une qualité intéressante même en période hivernale a permis de faire des économies de distribution de fourrages et de paillage sur les deux périodes hivernales, tout en maintenant de bonnes performances de croissance. Des essais comparables avec d’autres types d’animaux ont été réalisés sur les fermes expérimentale de Trevarez et de Thorigné d’Anjou.

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La gestion du pâturage hivernal s’est révélée moins facile sur la partie pâturage tournant. Ce mode de pâturage impliquait outre la gestion de la clôture, un salissement rapide de l’herbe du paddock en période hivernale, impliquant une moins bonne valorisation du paddock. Selon la disposition des paddocks, certains n’offraient pas ou peu d’abris aux animaux contre les aléas climatiques (vent notamment). L’accès au point d’eau et au râtelier à fourrages pouvait s’avérait également plus compliqué en paddocks, lorsque les animaux devaient emprunter certains chemins boueux. L’aspect piétinement a également été observé. Les parcelles en prairie naturelle ont globalement moins été marquées par le piétinement que les parcelles de prairies temporaires, dont la croissance est moins rapidement repartie au printemps suivant.

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« Une gestion du pâturage hivernal plus facile en pâturage libre »

Contact techniques

Lucie Morin

Responsable de la ferme expérimentale de La Blanche Maison

l.morin@blanche-maison.fr

Flore Lepeltier

Ferme expérimentale de La Blanche Maison

f.lepeltier@blanche-maison.fr

Raphaël Bore

raphael.bore@idele.fr

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